Quatre saisons au Nant de Traînant

Enfant, ce ravin était pour moi un lieu magique, sombre, inquiétant, la limite de la « terra incognita ». Des arbres culbutés, des pentes caillouteuses ou terreuses, des feuillages envahissants, des sentes mystérieuses m’attiraient vers cet espace envoûtant, traversé par un ruisseau coulant des eaux inégales et parfois peu accueillantes.

Pendant un peu plus d’une année, chaque semaine, quel que soit le temps, j’ai photographié le Nant de Traînant, de la route de Frontenex au quai de Cologny. J’ai parcouru ses sous-bois, grimpé sur ses flancs, dévalé ses pentes, pataugé dans ses eaux. Je pénétrais sous les frondaisons comme dans une église, admirant la variété de la végétation, la subtilité de la flore, pestant contre les toiles d’araignées, appréciant la diversité des branchages et flattant les fûts des chênes ou des marronniers.

Ces photographies (dont il existe une série identique en noir-blanc) constituent un ensemble remarquable et unique, illustrant un nature miraculeusement presque sauvage, aux portes d’une ville importante : Genève.